Chronique par MICHAEL
Le premier volume de la bande originale de la série " Wolf's Rain " est sortit quelque temps seulement après celui de la série " Ghost in the Shell ". Mais la similitude entre les deux disques s'arrête là. Loin des expérimentations électro-rock de " Ghost in the Shell ", la partition composée pour " Wolf's Rain " est tout en douceur et en nuances. La grande force de Yoko Kanno est de toujours être là où on ne l'attend pas. Pour " Cowboy Bebop ", elle avait illustré une série de Science-Fiction avec du Jazz. Pour " Wolf's Rain " où l'action se passe dans un pays enneigé dans une époque indéterminée avec pour langue le Russe, elle choisit de l'illustré avec une influence de musique Brésilienne et de Bossa Nova.
Mais voyons les pistes en détail.
Le disque s'ouvre avec le générique de début de la série en version longue. " Stray " est une chanson rock d'influence 80 pour son rythme de batterie. C'est Steve Conte qui l'interprète. On avait pu le découvrir chantant une chanson de l'album perso de Yoko " Song to Fly ", il a ensuite participé à la BO de " Brain Powered " et surtout de " Cowboy Bebop ", ce pourquoi il est maintenant apprécié par de nombreux fans de la série. L'opening en lui-même a donc une base rock mais est soutenu par des cordes dans les refrains ce qui lui donne une mélodie très agréable, surtout couplé à la voix puissante de Steve. Les paroles quant à elle sont en parfaites adéquations avec la thématique de la série. Stray veut effectivement dire en anglais, s'égarer, errer et est surtout employé pour désigner un animal errant, comme le sont les loups dans la série. Très bon opening donc qui colle parfaitement à la série.
Le second morceau est " Rakuen " Paradis en japonais. C est en quelque sorte le thème principal de la série. On l'entend dès les première images du premier épisode. Il commence par des notes de piano éparses qui composent la base de la mélodie et est renforcé par des cordes et des flûtes dans sa seconde moitié. Un thème superbe tout en lyrisme et en finesse.
La piste 3 est une chanson " Coraçao Selvagem " cœur sauvage. C'est Joyce qui la chante en portugais, elle joue également de la guitare acoustique, qui est l'instrument dominant du morceau et lui donne ce coté bossa brésilienne, si dépaysante. Des cœurs et des percussions viennent compléter la mélodie et la voix de Joyce qui joue avec les aigus, donne toute l'harmonie au morceau, une très belle chanson donc. La piste suivante est " Renga ", elle garde la même architecture que la chanson précédente, c'est-à-dire une base de guitare rythmée et tout un ensemble de sons exotiques viennent qui se rajoutent au fur et à mesure. La Piste 5 " Pilgrim Snow " porte bien son titre, elle pourrait aisément illustrer le spectacle de la neige qui tombe. Des cordes de guitare répétitives introduisent une mélodie au violon qui est ensuite, vers la fin, secondée par des notes de flûte, piste toute simple mais très belle. La piste 6 " Leaving on Red hill " commence par des arpèges de guitares acoustique tout de suite soutenu par une mélodie au violon, ensuite le morceau revient à la guitare en prenant deux tonalités différentes qui se superposent. Puis, retour aux cordes avec une monté en intensité qui confère au morceau un côté lyrique. Le morceau suivant " Shiro " pourrait être la suite de la piste précédente. Là, des cordes uniquement composent l'intégralité du morceau, violon et violoncelle. Il y a un côté presque tragique dans ce morceau accentué par la complainte des cordes, c'est épique. Piste 8 " Dogs and Angels " ne peut pas vraiment être considéré comme une chanson car, malgré la très belle voix de Joyce, il n'y a aucunes paroles. Elle ne fait que chantonner. Malgré tout la piste est très réussie et la voix de Joyce se marie à merveille avec les instruments. Le piano d'abord, discret, puis les cordes ensuite et la guitare reprend la seconde partie. Joli petit morceau dépaysant et très agréable à écouter et réécouter. La plage 9 commence par des sons de trompette comme si l'on annonçait au loin l'arrivé d'un étranger. "Strangers" est son titre et il lui va donc comme un gant. Rapidement des paroles en anglais viennent s'ajouter puis une rythmique au piano puis des cordes et ensuite des "beat " electro qui confèrent au morceau une saveur légèrement expérimentale et très agréable, surtout dans la dernière partie de la chanson lorsque la voix répète " some when, will it ends ? So when will we meet my friend ? ". Je me pose tout de même une question au sujet de cette très belle chanson. Quel est son interprète ? Sur le livret du CD, il est écrit que c'est une certaine ou un certain " Raj Ramayya ". Ce nom ne m'était pas tout à fait inconnu et j'ai retrouvé sur le CD " Ask DNA " du film de " Cowboy Bebop " que la piste 2 " Ask DNA " était chanté par un certain " Raju Ramayya ". C'est étrange, s'agit-il de la même personne ? La chanson de " Wolf's Rain " semble chantée par une femme alors que celle de " Bebop " semble elle interprétée par un homme. Sont-ils frère et sœur ? Y a t-il eu une erreur dans la réalisation d'un des livrets de CD ou bien est-ce la traduction du prénom qui varie… ….Yoko éclaire ma lanterne !!!! Enfin je m'égare, revenons à nos moutons.
Piste 10 " Sleeping Wolves " est un thème entier à la flûte de pan (ethnic flute). En tout cas la sonorité m'évoque les montagnes des Andes et les mélodies indiennes d'Amérique. Très beau. " Tip Toe Waltz " la piste 11 est très lyrique et ressemble à des morceaux entendus dans les OST de " Macross Plus " notamment. Une base de cordes très aériennes puis des sons de flûte capricieux. Le morceau suivant " My little flower " commence par une petite mélodie très douce et discrète à l'image du personnage de Cheza dans la série, peut-être est-ce là l'explication de son titre…Puis la piste augmente en intensité pour s'achever en douceur. Un thème très beau . Piste 13, revoilà une chanson. " Could you bite the hand ? " est chanté et interprété à la guitare acoustique par Steve Conte. La rythmique est assez spectaculaire car Steve soutient toute la chanson et la rend cohérente du début à la fin juste avec ses intonations dans le chant et son jeu de guitare extrêmement précis. J'ai lu dans une interview qu'il avait été content de pouvoir enfin jouer de la guitare pour Yoko. Et bien sa dextérité n'est pas à remettre en cause. Du grand art au service d'une des meilleures chansons qu'il ait pu chanter jusqu'à présent pour Yoko. Les paroles sont comme toutes celles de l'album en parfaite adéquation et illustrent le propos de la série, qui est une fable moderne et écologique sur la liberté. C'est une autre chanson qui suit mais dans un style tout à fait différent. " Valse de la Lune " est chanté en français, comme sont titre nous le laissait deviner, par Ilaria Graziano que l'on avait découvert sur la BO de " Ghost in the Shell ". Elle chante donc avec son délicieux accent italien sur un français presque parfait une balade tout en lyrisme et en finesse. De la guitare des cordes un léger " beat " en font une chanson très agréable à écouter et Ilaria la rend très poétique. Piste 15 " Hot Dog Wolf " Architecture travaillé au violon et une guitare vient apporter en fond, une touche exotique au morceau. Les deux instruments se marient et se complètent à merveille, c'est court mais bon. La piste 16 suit assez logiquement la 15 et démarre avec des notes répétées de guitare rattrapées par des percussions ethniques, toujours une dominante très brésilienne malgré les cordes lyriques qui viennent tour à tour traverser le morceau. Comme une barque sur une rivière ballottée par les courant, tantôt rapides puis plus calmes par endroits pour enfin s'achever dans l'océan calme et limpide. " Silver River " est une piste passionnante. La plage 17 "Sold your Soul " est une complainte de cordes renforcées par des notes de guitare dans sa seconde partie. Un morceau calme et lyrique. Très sobre et classieux. Tant par les violons que par la guitare ciselée à la perfection. La piste 18 " Visions of a Flame " est assez atypique. C'est un chant tribal, comme on pourrait en entendre dans une cérémonie indienne, chanté par un Chaman. Le chant est soutenu par des percussions et des sons divers. C'est court, répétitif mais très original. C'est aussi ce genre de morceaux qui font le charme et l'originalité des compositions de Miss Kanno. La piste 19 " Run, wolf warrior, run " est une très belle ballade chantée en anglais par Joyce dans un style brésilien guidé par sa belle voix qui se fait plus grave par moments et par la guitare qui construit l'architecture de la mélodie. Des cœurs viennent soutenir la voix dans certains couplets, l'ensemble est très harmonieux et particulièrement exotique.
La piste 20 est elle le générique de fin en version longue (enfin légèrement plus longue), chanté par la délicieuse Maaya Sakamoto. Des cordes introduisent la mélodie puis, très vite, le piano seul prend le relais. La voix sure de Maaya chante une superbe complainte en anglais dont elle se sort haut la main, bien qu'elle soit plus à l'aise dans les chansons en japonais. Le texte est superbe et très poétique et colle parfaitement avec les images et la course au ralentit du loup dans le générique de fin. La mélodie de Yoko est sublime, la voix de Maaya est superbe, la chanson ne pouvait être qu'une réussite. C'est un petit bijou. Pourtant j'ai mis quelque temps à l'apprécier. Mais elle s'est imposée à moi comme une évidence.
La dernière piste " Paradiso " est une reprise du thème principale " Rakuen " mais orchestré de façon différente. Ici c'est un saxophone qui dirige toute la mélodie et confère au morceau une touche crépusculaire, secondé du piano les deux instrument donne une nouvelle dimension empreinte de tristesse au morceau. C'est superbe et cela clos d'une manière légèrement nostalgique le disque.
On peut donc dire à la suite de l'écoute de ce premier volume que Yoko a, une fois de plus, réussi à surprendre sans se répéter. L'OST de " Wolf's Rain " peut sembler à la première écoute un peu vide et bâclée, mais il n'en est rien. C'est une partition tout en douceur, en exotisme et en finesse que Miss Kanno a su tisser. Inspirée, proche de son sujet, elle sait émouvoir ou surprendre au détour d'une note ou d'une phrase.
Je suis impatient de pouvoir entendre la suite de ses compositions dans le second volume à paraître au début de l'année.
Merci en tout cas Melle Kanno pour ce si beau voyage.